Par S.Slama.
Dans une récente déclaration à l’APS reprise par la presse locale, la direction de l’environnement de la wilaya d’Oran nous apprend qu’il existe depuis 2018, une commission en charge de la préservation des espaces verts et …des alignements boisés. Cette commission qui faisait office de garde forestier, puisqu’elle avait pour seule et unique prérogative de combattre l’abattage… abusif ( !!!), a vue ses attributions élargies. Désormais elle assure la protection de toutes sortes de végétations des différents risques et menaces.
Le socle juridique, si l’on peut dire, sur lequel s’appuie cette commission repose principalement sur la fameuse loi n° 07-06 relative à la gestion, à la protection et au développement des espaces verts. Une loi vieille de plus de 13 ans, malheureusement très souvent piétinée par ceux là même qui sont sensés l’appliquer.
Ce piétinement est parfaitement illustré par le silence du 1er responsable du secteur de l’environnement de la wilaya, sur la scandaleuse affaire de la forêt de Canastel alors même que l’article 4 de la dite loi assimile la forêt urbaine, à un espace vert et que l’article 12 stipule bien que son déclassement ne peut être prononcé que par la commission interministérielle, ce qui ne semble pas être vraiment le cas. Il y a lieu de noter qu’il est pour le moins suspect le timing de cette déclaration qui coïncide justement avec le scandale de la dite forêt. Aujourd’hui, l’existence de cette commission plus spectrale que réelle peut être assimilée à une intox pour ne pas dire à un canular qui vient à point nommé pour détourner l’attention du contribuable.
A défaut d’un statut un classement oiseux
Toujours selon la directrice de l’environnement de la wilaya d’Oran, cette commission s’intéresse tout d’un coup et comme par enchantement aux arbres d’alignement qui au regard de la loi constituent aussi des boisements au même titre que la forêt.
Pourtant depuis 2018 date de sa création, les occasions pour nous montrer cet intérêt pour l’arbre n’ont certainement pas manqué. Aucun oranais n’a vu, lu ou entendu une quelconque déclaration de la part de ses messieurs de la commission et encore moins de l’administration locale responsable du secteur relatif aux massacres à grande échelle des arbres d’alignement à l’instar de ceux de la célèbre «avenue de Choupot» ou le délabrement organisé des jardins à l‘instar de la Promenade Letang, ou même du jardin public ou les arbres morts se comptent aujourd’hui par dizaines.
Encore moins sur les opérations de vandalisme organisés par des organismes publics tel que celui de l’extension de la Place du 1er Novembre ou celui de la Place de la République, lorsque des arbres remarquables et classés en tant que patrimoine sont tout simplement massacrés à la tronçonneuse et au marteau piqueur au vue et au su de tous, pour ne pas dire avec la caution des plus hauts responsables de la région de l’époque.
Une commission pour enfoncer des portes ouvertes
Madame la responsable du secteur de l’environnement nous annonce aussi que la dite commission vient d’enfoncer une porte ouverte en classant les arbres d’alignement comme «patrimoine du domaine public».
Un classement, en réalité inutile puisque les dits alignements font, de fait et par définition, parti du patrimoine public. Il nous semble donc que la dite commission c’est plutôt fourvoyée pour ne pas dire ridiculisée en procédant à un classement qui ne repose sur rien et constitue un frein pour le développement de la trame verte urbaine.
Aujourd’hui de nombreux alignements ne répondent plus à la norme urbaine à l’instar de ceux du Bd l’ANP réalisés avec des arbres au port retombant et au fût tortueux. Celui du Bd Ahmed Zabana réalisé avec des ficus macrophyla non seulement disproportionnés par rapport aux gabarits du boulevard et surtout présentant un enracinement trop agressif pour le bâti et les réseaux souterrains. Il aurait certainement été plus judicieux et surtout plus utile de dicter des règles de conduites et de gestion imposables à tous plutôt que d’enfoncer une porte ouverte à travers un statut qui vient surtout cacher la forêt.
Comment donc cette commission peut-elle envisager des sanctions à partir de ce statut et en l’absence de prescriptions qui mettent définitivement à l’abri tant la partie aérienne que la partie souterraine de l’arbre ?
Ceci nous amène donc à nous interroger sur les compétences de cette commission qui est confrontée autant à des problématiques de politique urbaine que scientifiques.
L’arboriculture urbaine est une spécialité très particulière dans le monde du paysagisme. Elle nécessite une réelle expertise tant des espèces que des espaces. Elle nécessite une maîtrise parfaite des techniques particulières de gestion et de sauvegarde.
Enfin et surtout un sens des responsabilités très poussé ; une erreur dans l’évaluation de la résistance mécanique d’un arbre de 1er grandeur, fragilisé de surcroît par des élagages successifs et anarchiques peut rapidement aboutir à une véritable catastrophe.
Le palmier du maire
En dernier ressort et certainement pour nous prouver que cet intérêt soudain pour l’arbre n’est pas fortuit. La directrice du secteur, qui décidément cultivé les amalgames comme on cultive les roses, est revenue sur l’affaire du palmier du boulevard de la Soummam. Laissant entendre que la mort du palmier serait due à la présence de parasite en l’occurrence «les cétoines».
Pour les spécialistes de la phoeniciculture, les cétoines sont des parasites insignifiants dans la parasitologie du palmier, voire même utile pour les spécialistes de l’ornemental puisqu’ils débarrassent l’arbre de ses tissus morts. Aussi, du fait même de la rigidité et de la dureté du feuillage, le palmier est peu attaqué par les larves de ces parasites.
La mort du palmier du Bd de la Soummam est certainement à rechercher dans les conditions agro-écologiques et plus particulièrement dans les excès d’eau provoqué par les lavages quotidien du trottoir alors que l’espace vital des arbres n’est pas protégé. Ce qui a provoqué un engorgement au niveau du bulbe racinaire. Ce qui a d’ailleurs, dans un premier temps, conduit les services techniques à parler de fuite dans le réseau d’eau, voire un éclatement du réseau d’égouts. C’est tout dire.