- Par S. Slama.
Certes la réaction des citoyens face à l’arrachage d’un arbre, fut il mort, peut être considérée comme saine, mais à la condition qu’elle soit, d’une part généralisée à la protection de tout le patrimoine arboré de la ville, qui connait une hécatombe grave et d’autre part ne doit nullement servir les ambitions malsaines de quelques arrivistes dévorés par l’ambition politique.
La situation des arbres d’alignement n’est pas nouvelle et dans le cadre d’une gestion saine et responsable de la ville elle serait même qualifiée de catastrophe. C’est à l’occasion d’un programme de formation de guide de la nature organisé en 2011 que l’association Bel Horizon découvrit presque fortuitement d’ailleurs l’ampleur du désastre.
Grace aux jeunes de l’association encadrés par un paysagiste une étude a été alors établie. Selon les conclusions de cette étude. La ville risquait alors de perdre entre 40 et 60% de son patrimoine arboré dans les 10 années à venir. Malheureusement l’enquête partielle réalisée en 2017 sur quelques quartiers centraux a largement confirmé la tendance d’autant plus que le taux de remplacement et de survie des arbrisseaux plantés était largement inférieur à celui de la mortalité.
Le palmier du Bd de la Soummam, objet de la controverse, n’est donc que la partie visible de l’iceberg. Pire encore la mortalité précoce des arbres urbains qui était cantonnée aux seuls alignements, est aujourd’hui généralisée dans les parcs et les jardins de la ville à l’instar du Jardin Public ou de la Promenade de Letang.
Les raisons de cette mortalité sont nombreuses et diverses, à commencer par le changement climatique, la réduction drastique de la pluviométrie, l’imperméabilisation du sol, la pollution de l’air, l’absence de plans de gestion, le manque d’entretien, l’absence de professionnalisme, les élagages sauvages et bien d’autres raisons. Cela malheureusement ne préoccupe pas outre mesure les pouvoirs publics qui par ailleurs, se préparent d’ores et déjà à privatiser les rares espaces verts de la ville.
La mortalité des arbres urbains en général et des arbres d’alignement en particulier n’est pas propre à la ville d’Oran, c’est même une tendance dans le monde entier. Aujourd’hui l’âge moyen de survie d’un arbre urbain est inférieur à un siècle, les spécialistes parlent de 80 ans dans de bonnes conditions de vie.
Dans les villes qui ambitionnent sérieusement un avenir de métropole, et pour faire face à cette tendance, des stratégies vertes ou l’arbre se taille la part du lion, sont mises en place sur le moyen et long terme et confiées à des spécialistes non seulement du paysage mais de l’arboriculture urbaine, une spécialité nouvelle qui ne fait pas de l’arbre un mobilier urbain.
Nous avions par le passé proposer de faire d’Oran une ville précurseuse en matière de protection de l’arbre et lancer l’idée d’un projet de statut pour «l’arbre urbain». L’idée principale était de faire de l’arbre non seulement un outil de développement du bien être et un instrument d’aménagement de la ville mais surtout de le mettre l’arbre à l’abri du vandalisme des copains et des coquins. Ce projet fut justement proposé au fameux réseau éco-citoyen qui venait de naître et qui malheureusement préférera aller pavoiser dans les salons de la wilaya plutôt que de s’occuper d’écologie.