La nature du copier-coller prend des proportions alarmantes dans les cyber-café d’Oran.
Lors de notre passage dans un de ces lieux, l’ambiance est toute autre, car habituellement, nous avions coutume de voir des jeunes écoliers et collégiens s’accaparer les ordinateurs pour se consacrer à leurs jeux favoris. Ce qui ne fut pas le cas, il faut dire que l’atmosphère n’est pas la même, nous avons été surpris par la grande affluence des collégiens et lycéens qui prenait d’assaut, le bureau du gérant du cyber-café pour y déposer, l’intitulé des exposés qui leur ont été donnés à faire, par leurs enseignants. En effet, le gérant fait une petite recherche moyennant une tarification variable en fonction des thèmes choisis, à titre d’exemple, nous dit –on, un exposé sur une personnalité historique en arabe devrait couter 80 DA, et un autre sur la conservation des plantes à 70 DA. Pour connaitre l’avis des collégiens, nous avons interrogé Merouane, qui prépare son BEM, il nous fait savoir que suite à la demande de son enseignante, il s’est dirigé illico presto au cyber le plus proche pour un exposé sur l’Emir AEK. Pour connaitre et avoir plus d’information sur cette marchandisation du savoir, qui est en train de prendre de l’ampleur en touchant tous les paliers, du secteur éducatif, nous nous sommes entretenus avec une enseignante du primaire, qui trouve “positif”, le fait, de voir des collégiens partir au cyber “copier de l’internet leurs exposés”. Pour notre interlocutrice, c’est de cette façon dira-t-elle « …que nous allons favoriser l’apprentissage chez l’enfant ». Il faut dire qu’à la passive activité de l’apprentissage, s’ajoute la « mercantilisation » de l’outil Internet. A ce propos, le gérant du cyber café, nous fait savoir que son but n’est pas de conseiller les enfants, mais de “rentabiliser son commerce”, par la prestation de service. Une enseignante à la retraite déplore cet état d’esprit et ces pratiques en considérant que le corps enseignant est « complice » de cette absurdité qui encourage la paresse intellectuelle et détruit l’esprit d’initiative et la curiosité chez les élèves. Notre interlocutrice préconise afin d’endiguer ce fléau de multiplier les centres de documentation et mettre en place un personnel adéquat et qualifié pour guider et informer l’élève sur les moyens et les méthodes à suive pour sa recherche. En ce sens, un parent qui accompagnait son fils dans le cyber passe au crible cette méthode d’enseignement en disant que ce système arrive à bout de souffle et nos enfants payent le prix fort de cette régression ‘‘. Ceci étant dit, cet aspect déliquescent n’épargne pas le milieu universitaire, de ce fait un enseignant nous fera savoir que 95% des étudiants ont recours à internet, en affirmant que plus de la moitié utilise le copie-collé .Pour notre interlocuteur ” les chartes anti-plagiat ne sont pas vraiment mises en vigueur dans les établissements scolaires. Enfin, devant l’imbroglio d’images du copier-coller, le problème du secteur éducatif ne peut se poser sans qu’on le situe dans le mutisme productif qui habitue l’œil à la paresse.
- Adnan H