- Par B. Nourine
Véritable poumon de la ville d’Oran et doté d’un parc arborisé de presque 120 hectares répartis sur plusieurs lots. La forêt de Canastel est devenue le lieu privilégié de tous les Oranais et même ceux des villes avoisinantes pour passer un moment de détente ou pratiquer du sport.
Mais aussi, cet espace est le dernier poumon de la ville après le dépeçage de tout le foncier, la bidonvilisation du Mont Murdjadjo et l’état d’abandon des parcs et jardins de la ville promis à la prédation à travers un projet de concessions qui serait, selon plusieurs sources, déjà ficelé.
La forêt de Canastel a toujours fait l’objet de convoitises et de prédation surtout à partir des années 90. Sa situation «idyllique» face à la «grande bleue» lui a été très préjudiciable et de ce fait elle a été amputée de quelque dizaines d’hectares. D’anciens ministres, de hauts fonctionnaires et même quelques «élus» y ont élu domicile.
Pour autant c’est en 2011 temps du controversé wali Boudiaf, que le lieu y devient célèbre grâce à la formidable mobilisation citoyenne pour préserver le dernier espace arborisé de la ville. Une lutte épique qui s’était «greffée» à la suspension arbitraire de l’association ARC, celle là même qui s’était opposée vigoureusement au détournement d’une partie de la forêt.
Victoire acquise de haute lutte, les autorités locales se décideront d’aménager le site pour le plus grand plaisir des Oranais.
Mais revoilà que le problème se repose encore ces jours-ci. Des photos partagées sur les réseaux sociaux montrant clairement le traçage (en vue d’une construction) sur une superficie de plus 35 hectares dans un lot qui compte à peine 50 ha. Et il n’en pas fallu pour que la «toile» s’embrase et les rumeurs avec. «Maffia du foncier», «projet structurant», «réaménagement de la forêt», «extension de la caserne militaire»…etc…Tout y passe devant le silence étrange des instances concernées à savoir, la conservation des forets, l’apc, la wilaya et autres. Le réseau associatif s’y met, entre anciens et nouveaux militants des causes écolos et quelques… «OVNIS». Rencontres avec quelques responsables dont celui de la Conservation des forêts.
Entre-temps, la colère fuse de partout. Les oranais condamnent, se révoltent et se mobilisent. Des appels sont lancés un peu partout pour investir l’espace et organiser des sit-in. Une pétition en ligne est lancée. Tout le monde s’y met. A voir la toile, c’est un «Hirak Vert» qui se met en route.
Et puis Vlan ! Des «selfies» et des «lives» (la mode associative actuelle) au sein de la direction des forêts annoncent avec grand fracas que le wali d’Oran aurait «décidé d’arrêter toute transgression sur le domaine forestier». D’un coup, la «bonne» nouvelle se propage telle une traînée de poudre. Des «Hamdoullah» au «bravo» en passant par les louanges (l’autre mode héritée du temps de fakhamatouhou) se relaient. Quelques titres et sites d’infos sautent sur «l’info du jour».
Soulagement, la forêt est sauvée encore une fois. Les «OVNIS» évoluant très souvent à la périphérie de toutes les autorités, passés ou actuelles, sont acclamés comme des héros. Et pourtant !
48 heures se sont écoulées et la page officielle de la wilaya pourtant active et réactive, n’a pas pipé un seul mot sur la supposée décision du wali. Encore moins la conservation des forêts ou sont reçus, presque quotidiennement quelques représentants de la société civile depuis l’éclatement de la énième crise de Canastel.
Mieux encore, à l’heure même ou nous mettons en ligne, le 1er responsable de la structure aurait déclaré à ses hôtes qu’il «établira très prochainement un rapport détaillé à qui de droit sur la crise actuelle». En clair, cela veut dire que rien n’a été fait.
Questions : primo : qui a intérêt a balancé de telles propos et pour quelle but?
Secundo : pourquoi ce désarmant silence des instances concernées ?
Il est maintenant établi que c’est l’ambition dévorante ajoutée à la manœuvre qui ont permis ces supputations.
L’ambition pour les prochaines échéances politiques ou tout est prétexte pour se positionner et la manœuvre ont jeté la confusion sur la mobilisation citoyenne qui commençait à prendre de l’ampleur.
Aussi, le silence intriguant des autorités locales dénote une incapacité à prendre une décision à ce niveau là. A ce stade cela dépasserait les compétences et les prérogatives des uns et des autres fut-il être un wali.
En conséquence, les regards se tournent vers une probabilité d’une extension de l’enceinte militaire qui se situe justement dans le lot cité.
En somme, l’enjeu serait intéressant pour tous les acteurs à savoir société civile, citoyens et mouvement associatif : la sécurité du pays ou le bien-être de ses citoyens.